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Acheter un Camper-van, Van, Camping-car quand on est une femme de moins de 30 ans, c’est complexe ?

Acheter un van aménagé : mon expérience

La vie en camping-car n’a rien de nouveau pour moi. En réalité, j’ai débuté l’aventure à 1 mois (oui oui 1 mois de vie). Fin juin, j’ai embarqué dans la camionnette aménagée par mon père quelques années plus tôt, avec mes parents, mon grand frère, ma grande soeur et mon doudou. Cet été là, j’ai fait mon premier tour de France. Après ça, jusqu’à mes 15-16 ans, j’ai parcouru la France et l’Europe à bord du camping-car familial. Entre temps on avait changé pour un plus gros camping car Eurostar 5 places tout confort, puis quand les frangins sont devenus trop grands pour apprécier la vie dans une mini maison roulante, mes parents ont opté pour un Exis de chez Hymer pour 3 personnes. Avec lui, nous sommes allés jusqu’en Italie qui fut mon dernier voyage en camping-car avant Léon.

Parce que oui, forcément, arrivée à l’adolescence, j’ai commencé une petite allergie au camping-car à coup de “ptiiiinnnn c’est trop la honte quoi ! Moi JAMAIS je ferai du camping-car adulte”. Ah…ah…ah… ne dites rien à la Margaux adolescente sur ce qui va se passer 15 ans plus tard surtout ! Ça doit rester entre nous. Après la crise d’adolescence, je suis partie vivre à Paris 4 ans dans un 15m2 du coup, je n’étais finalement pas si loin de l’espace réduit d’une maison roulante. Et puis, en 2016, j’ai craqué. Durant l’été j’ai décidé de quitter Paris, de rentrer dans le Nord et de me tourner vers le voyage. En janvier 2017, je suis partie 3 semaines en Thaïlande, en février je suis partie 1 mois en Espagne puis j’ai enchaîné Lisbonne, Grenoble, les Pays-Bas à vélo, Gand, Rennes, encore une fois Barcelone, la Slovénie, Istanbul, le Vietnam, l’Angleterre à vélo, Stockholm, la Martinique et nous en sommes à presque aujourd’hui. Sauf que je n’étais pas toujours hyper satisfaite de mes voyages. Quand je pars à vélo, je m’éclate mais quelle galère d’atteindre le départ du voyage avec un vélo, quand je pars en avion je me retrouve souvent coincée en ville car seule, ce n’est pas toujours simple de sortir en pleine nature, alors j’ai craqué et j’ai acheté un camper-van.

Acheter un van aménagé : mon expérience

Léon au camping municipal d’Etretat

Mais ce n’était pas une histoire de coup de tête. En réalité, cela fait 2 ans que je bassine mes proches avec mon projet. Au début, tout le monde souriait. Je pense que certains se disaient “elle est mignonne”. Puis, à force d’en parler non stop, ils m’ont sans doute pris plus au sérieux jusqu’à septembre dernier où j’ai annoncé à mon papa, campingcariste depuis plus de 40 ans : “Papaaaa je t’emmène au salon du camping-car de Paris ce weekend”. Bim, deux places imprimées, une voiture prête à rouler et nous étions dans le temple du camping-car. La moyenne d’âge est de 50 ans et autant dire qu’on ne me regardait pas vraiment quand je m’approchais d’un bolide. Pourtant j’avais bien révisé ma leçon, je voulais absolument voir les Font Vendôme, surtout le Bel Horizon (tiens tiens maiiiis ça ne seraiiiit pas mon Léon par hasard ?!?) mais aussi les autres marques histoire de me faire une idée du modèle parfait pour ma nouvelle aventure.

Quand on se rêve en camping-car (terme non assumé par une majorité de moins de 40 ans qui aiment appeler cela un “van” ou “camper-van”), mieux vaut s’en louer un avant de partir comme l’a fait Gregsway par exemple. Pourquoi ? Parce qu‘Instagram vous donne l’impression que c’est totalement magique de se réveiller en pleine nature avec une bichette qui sautille devant la porte du camper-van ouverte, le café à la main et la mine si fraîche. Oui, enfin si vous optez pour un tout petit van aménagé, il n’y aura pas de toilette, alors l’été vous irez sans souci en pleine nature, mais dès qu’il fait moins de 15 degrés, votre vessie vous dira “wesh, non, j’ai changé d’avis” et ne parlons pas de la douche, il n’y en pas. Alors vous pouvez opter pour plus grand, comme le mien, une vraie camionnette dans laquelle vous tenez debout, avec une douche et des toilettes. Mais n’oubliez pas qu’il n’y a pas le tout à l’égout sur ces bêbêtes et que vos jolies petites sorties d’anus se retrouveront dans un bac qu’il faudra prendre à la main et vider uniquement dans des zones de WC chimique qui sont à chercher tous les 3 à 4 jours pour vider la fosse. Ensuite il faudra trouver aussi l’espace pour vider les eaux grises (douche et vaisselle), recharger en eau tous les 3 à 4 jours et trouver de l’électricité pour ne pas changer votre bonbonne de gaz tous les mois car elle fait marcher vos plaques mais aussi votre frigo.

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Chemin des falaises, Normandie

Ajoutons à cela qu’un camper-van ne peut pas stationner n’importe où, nous sommes interdits d’un grand nombre de centre-villes et quasiment toutes les digues. Dormir n’importe où n’est pas autorisé, il faut être attentif à chaque endroit au risque d’avoir un réveil à 3h du matin par les flics et le plaisir de partir en vitesse après avoir réglé une douce amende. Alors forcément là, ça n’a pas l’air dingue, mais c’est une réalité qu’Instagram ne montre pas et c’est ainsi que le marché de l’occasion de moins de 4 ans s’étend ces dernier temps. Je vous rassure, il y a aussi énormément de bons côtés, forcément ! On a sa mini maison avec soi, le confort d’être au chaud après une balade sous la pluie (si je vous promets, ça arrive la pluie parfois), un frigo pour conserver ses aliments, une cuisinette pour se faire un vrai plat, un vrai lit confortable, des toilettes n’importe où et le plaisir de bouger quand on le veut sans être obligé de réserver un logement hors de prix parce que c’est en  dernière minute.

Acheter un van aménagé : mon expérience

Du coup, durant le salon j’ai cherché LE modèle de mes rêves. Dans mes conditions, il me fallait un véhicule en 5m41 et non 6m car je veux pouvoir entrer dans une place de parking (sinon c’est la galère pour faire ses courses ou se stationner dans un parking avant une visite), je voulais des toilettes et douche dans une espace fermé, un lit sur le plafond et non pas à l’arrière comme dans 90% des vans aménagés car c’est bien joli mais ça prend tellement de place qu’il n’y a aucune circulation possible et quand il fait froid et qu’on ferme le van, il est littéralement impossible de se croiser. Je le voulais de moins de 3m de haut pour ne pas avoir trop de soucis avec les tunnels et les traversées de certaines villes. Il me fallait aussi une belle table pour embarquer ma machine à coudre sur les longs trajets et un porte-vélo car sans ça Ernesto (c’est mon vélo) pose une bombe dans le garage pour suicider de force mon camper-van.

Un temps, j’ai pensé à prendre un tout petit véhicule de ceux qui entrent partout (comme le Auto Camp Font Vendome par exemple) et qui ont le lit qui se surélève sous une toile de tente sauf qu’ils sont hors de prix (ce sont ceux là que l’on retrouve le plus en occasion au bout de 2 ans d’ailleurs). J’aimais l’idée du petit véhicule qui me sert de voiture sauf qu’en réfléchissant, même si je prenais l’option toilette, c’était dans l’habitacle sans cloison, au moindre degré un peu froid, ça devient gênant avec ses colocs (je pars avec mes amis), ensuite, il faut cuisiner à genoux et le cap Nord me faisait peur en terme de degrés sachant que lorsqu’on sort le  lit on perd énormément de chaleur. Et puis le prix… vraiment c’était trop cher pour moi. C’est un format top pour le weekend mais carrément épuisant sur plus de 4 jours.

Acheter un van aménagé : mon expérience

Bruges

Alors, je suis revenue sur le Bel Horizon de Font Vendôme qui était littéralement le seul sur le marché à répondre à toutes mes demandes. Il a un lit qui se plaque au plafond ce qui est top pour gagner de la place, une vraie cuisine à l’arrière qui ne déborde pas sur l’ouverture de la porte latérale, une belle circulation, une vraie banquette deux places à l’arrière (j’en ai testé énormément toute petite), une belle table, un second lit sur la banquette arrière, une salle de bain tout comme je veux, un panneau solaire sur le toit (j’avais pour projet de l’ajouter mais il est là d’office, c’est beau hein), un porte vélo et enfin un détail secondaire mais qui me plait, un look de camper van. J’avoue ne pas être fan des camionnettes qui font vraiment “coucou je sors de mon chantier”. Forcément, j’ai été baignée dans le camping-car tôt avec les souvenirs des bolides des années 80 au look qui font tellement rêver aujourd’hui et, du coup, j’avais vraiment envie d’un Léon au look de voyageur. Après avoir eu mon coup de cœur, j’ai regardé le prix neuf, environ 60 000 euros, j’ai regardé mon compte en banque et je suis rentrée gentiment chez moi.

Acheter un van aménagé : mon expérience

Pause dej dans un petit village de Normandie

J’ai pris un peu de temps pour réfléchir, j’ai vraiment envisagé le modèle miniature de week-end, puis à force de réfléchir, je me suis dit “noooop je veux le Bel Horizon”. Et là, j’ai regardé les annonces d’occasion (parce que les 60 000 €, je les avais vraiment pas). Forcément quand tu cherches une occasion, le choix est restreint et quand tu décides de ne te contenter que d’un seul modèle, là c’est la galère qui s’annonce. Enfin, c’est ce que je croyais. J’ai dû avoir une bonne étoile car, en 10 jours, j’ai vu 5 annonces de Bel Horizon. Il y en avait un qui était hyper vieux, il avait 17 ans, un look que j’adorais car il était blanc et vert sauf que le monsieur en voulait encore 22 000 euros… euh monsieur non… ton bolide il est vieux, sans doute un peu bancale en mécanique et puis il consomme, mais il consomme, alors à ce prix non. Mon père m’a énormément guidé sur le choix, il m’a vivement conseillé du récent car je ne m’y connais pas en mécanique et un vieux bolide demande de savoir gérer les pannes n’importe où et l’autre argument, c’est la consommation en carburant. Après avoir vu le témoignage de Gregsway qui dépense parfois 1500 euros d’essence par mois, je me suis dit “ok donc en gros, ton bolide te coûte 2000 euros à l’achat (pour un très vieux) mais tu dépense tellement en carburant qu’en achetant du récent à crédit en 5 ans, tu sors gagnante Margaux”. Ça a été ma réflexion, je connais la vie en van et je sais que je vais voyager souvent avec et donc rouler tous les mois (donc consommer du carburant chaque mois avec) alors j’ai misé sur l’économie sur le long terme et j’ai donc regardé les occasions récentes (moins de 5 ans).

Acheter un van aménagé : mon expérience

Bruges

A ce moment, en octobre 2018, il y avait 3 occasions en France et une en Belgique. Nous avons appelé celui de Belgique car l’offre était intéressante, 36 000 euros, là où exactement le même était à 42 000 et 39 000 en France. On s’est dit que c’était trop beau pour être vrai mais non, à notre grande surprise, Michel, son propriétaire, était sérieux. On a pris la voiture, fait un aller retour dans le sud de la Belgique pour aller voir ce qui allait devenir mon Léon. Il était NICKEL. Pas une griffe, pas une trace d’usure. J’ai eu le coup de foudre, mon père aussi. En une seule visite j’ai trouvé mon Léon. J’avoue que je n’en revenais pas de cette facilité mais c’est que c’était le destin. Alors, comme son propriétaire n’était pas pressé car il attendait son nouveau camping-car pour le mois de février et que moi, je ne l’étais pas non plus (j’avais plein de voyages de réservé jusque fin décembre et c’était l’hiver, on roule peu à cette période) je l’ai réservé pour aller le chercher en janvier. J’avais donc le temps de préparer la paperasse…

Acheter un van aménagé : mon expérience

1er petit dej dans Léon à Bruges

Ahhhh la paperasse <3 un vrai plaisir en France. Déjà, il a fallu faire un crédit, je n’avais pas assez de côté. Je me verse un salaire tous les mois qui est au dessus du smic français, je ne paye aucune charge, je n’ai pas de loyer car j’ai la chance de pouvoir squatter chez mes parents depuis 2 ans, je suis sous un statut d’indépendante et je suis une femme dite célibataire aux yeux de l’administration. Et là…ça coince. Obtenir un prêt quand on est indépendant est un véritable enfer. Beaucoup idéalisent la situation de freelance ou créateur d’entreprise sans en prendre toute la mesure. Aux yeux des banques, nous ne sommes pas sûrs, nous n’avons aucune garantie et ils ne nous aiment pas beaucoup. Il a fallu 1 mois pour trouver comment obtenir un prêt… une première galère. Après ça, j’ai donc voulu assurer Léon… et là, je suis passée par 7 semaines de galère. J’ai mon permis depuis 11 ans , j’ai fait « conduite accompagnée », aucun accident à mon actif, j’ai eu ma propre voiture assurée pendant 6 ans mais je l’ai revendue durant ma vie parisienne car je ne m’en servais jamais. Et là… quand je suis allée chez mon assureur il m’annonce qu’il n’a aucune trace de moi… assureur qui me suit depuis mes 18 ans pour voiture et logement, qui est celui de mon frère, ma sœur et mes parents depuis plus de 40 ans… Après m’avoir fait des remarques qui m’ont littéralement choquée comme ” vous avez acheté un camping-car, vous ?” ou “vous savez, le mieux serait tout de même de vous trouver un compagnon, déjà parce que voyager seule ce n’est pas terrible, puis comme ça, il vous met en conductrice secondaire sur sa voiture et dans 2 ans on pourra en reparler de votre assurance” et ensuite parce qu’il m’a proposé un contrat jeune chauffeur alors que j’en suis loin, j’ai clôturé mon assurance voiture avec un joli bonus… mais monsieur dit “ah oui mais moi je ne vois rien mademoiselle”. Je suis sortie de là furieuse. J’ai fait le tour de tous les assureurs et j’ai eu 18 refus d’assurance “on n’assure pas un jeune conducteur sur un véhicule comme celui-ci c’est trop dangereux”. Au passage, j’ai à nouveau eu des remarques sur le fait d’être une femme dite “célibataire” à mon âge et en camping-car. Ça m’a rendu dingue. J’ai demandé à changer de conseiller dans mon assurance actuelle et là… miracle, en 4 minutes, mon nouveau conseiller me dit “mais oui je vois bien que vous avez été chez nous, pas de souci, on reprend donc votre bonus là où il était”. Et là l’offre d’assurance à littéralement baissé de moitié…

Je suis plutôt féministe et je reste persuadée que femme ou homme, la différence n’existe pas vraiment et que chacun fait ce qui lui plaît, alors si j’ai envie de voyager seule en étant une femme, j’aimerais que personne ne le remarque et dise juste “et tu pars où ce weekend?”. Je suis lasse de justifier sans arrêt quand je dis que, oui, je suis une femme de moins de 30 ans qui a réussi à monter une boite seule, sans compagnon ni homme dans l’entreprise mais si, en plus, on vient me faire des remarques à la con sur mes projets personnels là, c’est trop.

Acheter un van aménagé : mon expérience

Après ça, j’ai commencé la paperasse pour assurer Léon, j’ai dû aller au centre des impôts pour obtenir un quitus fiscal car, forcément, acheter une occasion en Belgique quand on vit en France c’est plus compliqué… là, le monsieur prend mes papiers puis revient “euh mademoiselle on est d’accord c’est vous qui avait acheté un camping-car” je lui répond que oui, il me regarde et lâche “ah oui, d’accord…”. Ahhhh mais fichez moi la paix enfin ! Ensuite, il fallait faire le point sur tous les papiers nécessaires pour obtenir une carte grise française… forcément il en faut des papiers ! J’ai eu de la chance car l’ancien propriétaire de Léon est passé par les mêmes galères que moi car il l’a acheté neuf en France et il a dû faire le même chemin administratif mais dans l’autre sens, alors il m’a donné tout ce dont j’avais besoin sans jamais râler et pour ça je suis chanceuse.

Comme obtenir une carte grise, en ce moment, est un parcours du combattant, que je sortais déjà de 2 mois de galère rien que pour l’achat et l’assurance, j’ai décidé de faire faire mon dossier par une entreprise spécialisée. Ahhhh que je suis contente ! Déjà, au lieu d’avoir attendu 3 à 4 mois comme certains, j’ai obtenu ma carte grise en 28 jours ! Surtout que pour ramener Léon, ça avait déjà été compliqué. Je ne pouvais pas rouler avec les plaques belges donc j’étais censé faire faire des plaques de transit en Belgique, que je devais aller chercher à Bruxelles, pour faire le trajet du Luxembourg à chez moi. Ça devait me coûter 75 euros les plaques pour faire 300 km, la bonne galère…Michel, l’ancien propriétaire, a accepté de le ramener lui même, il a été ultra sympa. Du coup, j’avais un Léon chez moi sans plaque, l’angoisse totale et la frustration, j’ai donc demandé à faire des plaques WW pour rouler en temporaire jusqu’à l’obtention de ma carte grise sauf quuuueee le garage qui a vendu Léon neuf en avait fait faire à Léon (sans raison…) et n’a jamais clôturé le dossier donc Léon ne pouvait plus être mis en WW. J’avais donc Léon devant les yeux depuis des semaines et je ne pouvais pas rouler. Mais heureusement la société qui s’est occupé de mon dossier a été hyper efficace (je suis passée par AE Auto à Armentières) pour 30 euros ils ont géré le dossier de A à Z et en 28 jours j’avais ma carte. Piouuuuuuuu le bonheur.

 

Acheter un van aménagé : mon expérience

Après ça, j’ai commencé les aventures avec Léon. On a déjà fait Bruges, Cologne et Etretat ensemble. Je vous raconte toutes ses aventures en direct sur mon compte Instagram Oh et Puis si vous avez envie de suivre les aventures de Léon, on vous attend là-bas !