{ Réflexion } J’ai fait ESMOD, maintenant, je vois un psy – on en parle ? #1 Le choix de l’école
Happy mercredi,
Sur un air de…Babyshambles – La belle et la bête
Je vous vois déjà en train de dire “oh lalala”. Avec un titre pareil, je crois qu’on ne peut que s’attendre au pire, non ? Et pourtant ! Je voudrais vous parler de ma vie de freelance. Je me suis dit que ça serait intéressant de commencer par mes premiers pas, c’est à dire l’école puis la période de stage et enfin ma vie de freelance. Le but est de partager avec vous mon expérience. Vous êtes nombreux à me poser des questions par e-mail, alors autant y répondre sur le blog. J’ai décidé de vous en parler en toute transparence. C’est à dire vous donner les aspects positifs mais aussi tous le négatif qui va avec.
Aujourd’hui, on commence avec un gros morceau
Le choix de l’école
Devenir styliste, c’était une évidence avant même de savoir que c’était un métier. Je m’explique : depuis toute petite je suis une touche à tout créative grâce à ma mère. Elle m’a appris énormément dont la couture. Vers 10 ans, je rêvais de coudre des vêtements pour Emmaüs, oui les enfants ne rêvent pas tous de devenir astronaute… Arrivée à l’adolescence, timide, je commence à m’exprimer grâce aux vêtements. Sauf que ma passion pour le Japon me transforme en un mélange de manga/cosplay de chanteur japonais/humain. Autant vous dire qu’il était impossible de trouver des vêtements qui me plaisaient. Naturellement, j’ai commencé à les fabriquer moi même. A moi les petites jupes turquoise, verte, rose, orange(je parle d’une seule jupe là…) et les robes Hello Kitty. En un rien de temps, je me retrouve en terminale L à devoir choisir une école.
Quelle école faire ?
Le choix de devenir styliste a fait son chemin dans la tête de mon entourage. A 18 ans, je ne me vois pas quitter le Nord pour Paris et je n’en ai pas franchement les moyens. Je me renseigne donc sur les écoles du Nord et de Belgique. A l’époque j’entends parler de trois choix : Une mise à niveau à l’EESAT à Roubaix avec ensuite un BTS au lycée Sévigné de Tourcoing, le cursus stylisme de Saint-Luc à Tournai(Belgique) et enfin ESMOD à Roubaix.
Ce qu’on me dit de Saint-Luc:
On me le déconseille car, quoique très créative, cette école n’a pas la réputation de bien former au métier de styliste. Comprendre, la formation n’est pas suffisamment professionnelle. Aujourd’hui, je suis tentée d’avoir le même discours. J’ai croisé des créatifs incroyables issue de là bas mais je n’ai pas eu le sentiment qu’il y ait eu une formation solide pour le monde du travail, avis personnel je tiens à le préciser.
Ce qu’on me dit du BTS au lycée Sévigné de Tourcoing:
On me dit que la formation est axée grande distribution(Promod, Kiabi…) et qu’il faut choisir entre styliste et modéliste. Ou faire deux BTS puis une licence pour avoir des bases suffisantes. Et surtout, on m’a donné un argument qui m’a pas mal travaillé. ” Dans le milieu de la mode, on ne te demande pas ton niveau d’études, mais le nom de ton école. Avec un BTS, on ne sait pas ce que tu vaux” Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il y a une part de vérité. La première question que l’on me pose c’est “ESMOD, la Chambre syndicale de la couture, la Cambre?” jamais “tu as fait un BTS, une licence ou un master?”?
Ce qu’on me dit d’ESMOD:
Le tout et son contraire. J’ai d’un côté des avis ultra positifs : excellente double formation(stylisme et modélisme sur 3 ans), beaucoup de spécialisations, école réputée dans le monde entier(présente dans plus de 15 pays), taux de réussite au top et un taux de transformation en emploi de plus de 88%(çà on va en reparler…). Mais d’un autre côté j’ai aussi droit à : pompe à fric, destructeur mental, formation légère, ne surtout pas faire ESMOD Paris, mentalité exécrable et j’en passe…
Le choix
J’ai d’abord sérieusement pensé faire le BTS. La raison est simple : cursus public et gratuit. Mais en visitant le lycée, puis ESMOD et en rencontrant des anciens des deux écoles, mon choix s’est porté sur ESMOD. On en a pas mal discuté avec mes parents. D’un côté on a une formation gratuite mais longue et pas tout à fait ce que je recherche et de l’autre on a une formation sur trois ans à 8500 euros l’année (enfin çà on va aussi en reparler…). Après avoir retourné la question dans tous les sens c’est finalement ESMOD qui remporte la bataille. L’espoir était que grâce à l’investissement d’une école comme ESMOD, je n’aurais pas du peine à trouver du travail. Je passe l’entretien d’entrée et laisse mon premier chèque. Le premier d’une longue liste. Le 8 septembre 2009, je fais ma rentrée en 1ère année de stylisme modélisme à ESMOD Roubaix, stressée à l’idée d’arriver dans un univers que je ne connais pas : le monde des filles riches.
Eh mais non c’est trop stressant de ne pas avoir la suite !!!
haha , j’avais trop de chose à dire pour en faire un seul article ! rendez-vous mercredi prochain !
ah la coquine, elle nous fait du storytelling! très malin, ça me donne des idées. Je te dis donc merci, en attendant de te lire
En vérité c’etait beaucoup trop long pr faire un seul article
Bonjour,
Je vous suis depuis le concours JOTT (autant dire, pas longtemps du tout) et j’ai eu exactement le même sentiment que Isabelle “eh mais non”.
Hâte alors d’être à mercredi, on a vraiment envie de connaitre la suite de votre histoire.
à bientôt
hooo ce suspens!!!
Bonjour
….à toutes les petites jeunes filles et jeunes hommes qui rêvent d’être stylistes
Pardonnez mes propos qui risquent d’ hoter vos illusions.
Cependant, on rend davantage service en parlant juste dans l’interêt d’autrui qu’en le flattant par pur mercantilisme .
Constance Le Gonidec, styliste,modéliste, créateur textile de formation, styliste infographiste textile chez ERCEA dans le Sentier, puis modéliste grâce à l’acquisition des compétences techniques, je crée , coupe et coud des robes de mariées entièrement et uniquement sur mesure depuis 20 ans, seule.
Voici mon parcours.
Lorsque j’ai obtenu mon bac littéraire, puis un BTS en création et impression textile à l’ESSAT à Roubaix, jeune et crédule comme vous ( et c’est bien normal lorsque l’expèrience fait encore défaut, nous sommes des proie idéales), j’ai fait un emprunt étudiant pour suivre la formation stylisme et couture à Esmod qui n’existait, à l’époque, qu’à Paris. Au bout d’un trismestre j’ai fuit cette école, scandaleusement incompétente pour ce qui est de l’enseignement du dessin et du modélisme (ça je n’ai pu m’en rendre compte que plus tard). J’ai alors suivit une formation de 7 mois d’infographiste textile, car les logiciels venaient d’apparaitre dans les entreprises qui recherchaient des stylistes qualifiées sur l’outil informatique. C’est ainsi que je me suis retrouvée chez ERCEA, dans le Sentier. J’avais un CDI, mais la coloration pour tissus sur ordinateur ne me suffisait pas, je voulais être capable de réaliser un vêtement. J’ai quitté mon poste à Paris et suis retournée à Lille, chez mes parents, trés affectée. C’est alors que j’ai connu le centre INFORMA à Roubaix. Là, aprés un test d’admission, (construction à plat de la base chemisier femme t 40, en suivant les instructions d’une fiche technique de mme Weens ), j’ai pu suivre toute la formation de coupe à plat, femme, homme, enfant , extraordinaire de bon sens . La façon d’apréhender la morphologie du corps humain et les techniques de coupe à plat qui en découlent, permettent de réaliser rapidement un patronnage à plat, dont on verifit la qualité du ” bien aller”, aprés avoir monté la toile. Ma formatrice, la merveilleuse Madame C, que je ne cesserais de louer, sachant ma triste expérience à l’école Esmod, m’a expliqué concrétement en quoi cette école est totalement incapable de former de véritables professionnels du “vêtir”. Elle m’a fait réaliser la base t 38 en coupe à plat préconisée par Esmod. ( je pourrais vous parler de l’inutilité du moulage, tant revendiqué par Esmod, mais ce serait trop long, par contre, pour les drapés je réalise un “simili moulage”: Une partie vient de la techique à plat et la partie qui devra être drapée se fait directement sur le corps de la cliente dans le tissus définitif). Lorsque j’ai monté ma toile, nous avons beaucoup ri. La pente d’inclinaison d’épaule étant fausse, la couture côté partait du devant vers le dos, et les milieus devant n’étaient pas bord à bord, donc, pas “droit fil”.Hallucinant! . Là, j’ai tout compris et j’ai terriblement regretté d’avoir fait cet emprunt étudiant alors qu’existait le centre INFORMA à Roubaix. Sauf qu’INFORMA n’est pas une école de mode qui cherche à gagner beaucoup d’argent sur la crédulité des parents, des journalistes et du monde artificiel de la mode. L’univers passionnant de la technique ne recherche pas le brillo, cela ne l’interesse pas. un croquis aussi beau soit-il n’est qu’un dessin, une idée. Un vêtement mal coupé est un aveux concret d’incompétence. Pour être parfaitement bien coupé et monté, cela demande de réelles compétences qu’Esmod n’a pas, assurément. De l’esbrouffe, beaucoup de snobisme mais aucune compétence. De malheureuses éléves, ayant dépensé des sommes exhorbitantes ne trouvent pas d’ambauche aprés avoir suivit trois années dans cette école . 450 h de formation au centre INFORMA, qui plus est, rémunérées par les Assédics, car j’avais obtenu le statut de demandeur d’emploi, ont suffit pour m’apprendre la coupe homme, femme, enfant. Evidemment, j’étais passionnée et je faisais beaucoup de patronnage et de montage sur toile chez moi: vestes, chemisiers, col châle, col tailleur etc.. En 450h seulement et de l’assiduité, j’avais les bases essentielles et indispensables pour pratiquer un vrai métier, c’est à dire en posséder la maitrise. J’ai trouvé un poste pendant un an comme modéliste couturière chez un créateur lillois. Ensuite, je me suis lancée. Cela fait 20 ans maintenant que je réalise des robes de mariées, tailleurs, robes de cocktails, toutes créations femmes haut de gamme, avec le double plaisir d’exercer avec une grande liberté professionelle et d’obtenir la satisfaction de ma clientèle, si j’en crois les lettres de remerciements et les nombreuses invitations aux mariages que m’adressent mes petites clientes. Chaque année, je rencontre des clientes ayant fait Esmod, incapables de faire leur robe de mariée, cela me révolte. Ne vous laisser influencer par le brillo de la mode, son snobisme prétentieux. Certains éléves d’Esmod, pas tous heureusement, sont prétentieux sans se rendre compte de l’étendue de leur incompètence. Pire, les stylistes professionels ont un certain mépris de la technique, ils pensent que seule la création est importante, qu’elle est nettement supèrieure au travail que font les modélistes et les couturières. Bien sûr un bon créateur a un style qui le rend immédiatement reconnaissable. Mais comme le chante avec humour le poète Georges Brassens “le don, sans technique, n’est rien qu’une sale manie”. Un jour, dans une autre vie, j’inviterais Mr Lagerfeld à venir dans mon atelier. Je le laisserais de débrouiller seul, avec tout le matériel . A mon retour , je crainds qu’il n’ait rien fait d’autre qu’ un croquis . Or, un croquis de mode, aussi beau soit-il, n’est rien d’autre qu’un bout de papier avec lequel on ne peut rien faire . L’idée n’est pas l’objet. Par contre, lorsque l’on est capable d’associer à la création les compétences pour faire un vêtement parfaitement bien coupé et aux belles finitions , alors seulement on peut prétendre avoir un mètier dans la tête et dans les doigts, une autonomie extrémement appréciable, vous pouvez me croire! J’ai souvent entendu dire avec dédain que la technique nuisait à la création! C’est un aveux d’incompétence grâve. Bien au contraire si la technique est au service de la création ,celle-ci doit être capable de répondre aux éxigences que lui imposent la tombée d’un tissus, le volume de la poitrine, la cambrure des reins et bien d’autres aspects inhérants au corps humain et aux matières. Alors, sans avoir recours à une modéliste ni à une couturière, on peut soi même réaliser n’importe quel vêtemnt, c’est un bonheur et une liberté qui n’a pas de prix.
Si j’ai un conseil honnête à vous donner avant de faire l’erreur de votre vie d’étudiant, surtout, n’allez pas à Esmod, ne vous laissez pas jeter de la poudre aux yeux. Maintenant, je vous invite à regarder chaque page de mon site professionnel http://www.constancelegonidec.fr, vous y verrez mes réalisations clientes et mon cursus. Je n’ai plus rien à prouver aujourd’hui et j’estime qu’il est de mon devoir de vous prévenir que la mode n’est pas ce monde de rêve dont les journalistes vous gavent et dont Esmod se fait l’écho en laissant sur le pavé quantité d’éléves aussi peu professionnelles avant qu’aprés.
Merci pour ton commentaire aussi précis. Même si je comprend une bonne partie de point de vu, je pense tout de même que l’école arrive à se remettre en question et que les formations s’améliorent. Je préfère donner les contres mais aussi les pour pour que chacun puisse faire son choix car un choix imposé ne sera pas respecté.
Esmod Guerre Lavigne il y a trente ans.Boulevard Montmartre.De la merde.Je suis devenue anorexique depuis.Et les tendances,je m’en tape.Si Paule Douarinou a pu s’étouffer depuis avec ses Vogues.Tant mieux.
Bonjour, étudiante à Esmod Paris, je ne suis absolument pas d’accord avec tous les propos tenus ici sur cette école. Certes il faut s’accrocher, être autonomne et avoir les épaules un peu plus larges que cela, mais cette école offre une formation studieuse et complète. Il faut aussi savoir se perfectionner à côté.
Je ne suis pas du tout d’accord avec toi et ne peux pas laisser insulter Paule Douarinou qui était juste, compétente, humaine, et pas du tout snob . C’est sans doute des profs qui t’ont sans doute dégoûté ainsi ,c’est tout a fait possible car certains étaient effectivement un peu “aigris”. Mais la réussite d ‘ESMOD dans les années 80/90 ce fut le flair l’intelligence et la subtilité de Paule Douarinou même si Annette était très active Paule était la Visionnaire. Humainement parlant c’était quelqu’un de formidable la preuve est qu’elle s’occupe d’associations humanitaires à Saint Malo où elle a pris sa retraite .
ESMOD est devenu certes une grosse machine et c’est bien dommage mais c’est Paule Douarinou qui racheta Guerre Lavigne à Monsieur Lecomte et eu l’idée géniale d’ une formation et une pédagogie destinée à la nouvelle génération de créateurs de mode : LES STYLISTES Nous lui devons beaucoup
Hello !
Tu sais, qu’on fasse St Luc, Sévigné, ou Esmod le résultat est le même pour ceux qui resteront bosser dans la région, ils se retrouveront dans les mêmes boites de grande distribution !
A la différence que les parents débourseront une somme incroyable pour Esmod qui est privée est donc ultra chère.
Il n’y a pas de meilleure formation que le terrain et l’expérience.
L’avantage de St Luc, c’est que tu es formée au stylisme comme au modélisme et à la couture. J’ai eu des collègues qui avaient fait Esmod et qui ne savaient toucher une machine à coudre, car elles s’étaient fait faire leurs collections.
Quant à Paris, rien ne vaut Dupperré.