La Martinique, une île encore sauvage ? City guide #1
En décembre dernier, je suis partie prendre le soleil. Bizarrement, quand on m’a dit “on part ?”, je ne me suis pas posée beaucoup de questions, j’ai sorti ma carte bleue et j’ai acheté mes billets d’avion. En réalité, ça faisait 1 an que je disais que j’avais envie de retourner en Guadeloupe ou en Martinique (j’ai fait la Guadeloupe à 4 ans et la Martinique à 9 ans). J’hésitais beaucoup à le faire en solo. Et finalement, mes parents se sont motivés, ils avaient refait la Guadeloupe en 2017, du coup, ils ont choisi la Martinique. Je n’ai pas dit non. Et sincèrement, je ne regrette pas de ne pas être partie seule. Les îles sont un peu particulières car il n’y a pas ou peu de transports en commun ou de logements “collectifs”. Et puis, c’est une île française, donc, contrairement à la Thaïlande qui ne coûte rien, ici, c’est un peu plus cher et un gîte avec piscine, toute seule, m’aurait coûté un bras (et je tenais à ma piscine ou un accès à une plage rapide pour faire la planche matin et soir).
Je suis donc partie 2 semaines à la redécouverte de cette île réputée pour ses plages et sa nature encore sauvage. La première fois que nous étions partis là-bas, nous étions dans la zone bien connue des touristes, le sud. Je vais sans doute en choquer certains mais j’ai eu un peu de mal à comprendre l’engouement pour cette zone. J’ai tellement aimé le nord et ses immenses plages désertes avec une mer calme et sans algues (ah oui on va en parler des algues) que j’ai été ultra déçue quand je suis arrivée sur la fameuse plage du diamant qui est longue mais étroite avec une mer agitée et des sargasses plein les pieds. Bon, certes, j’ai vraiment du mal avec la foule et je suis au comble du bonheur quand il n’y a pas un seul humain à l’horizon. Ça doit jouer. Maiiiis pour autant, j’ai adoré la plage du Carbet qui était juste à côté de mon logement et qui pourtant n’est pas la plus populaire. Les gars cette plage est canon !
Découvrir la Martinique en moins de 5 minutes ? Ma vidéo :
Le Nord de l’île, les plages désertes et sauvages
C’est dans le Nord qu’il y a le plus de nature “sauvage”. Tout au nord de l’île se trouve la montage Pelée qui est le volcan de Martinique. Il est tellement calme qu’il est maintenant recouvert de vert et pour aller y faire un tour, il faut être un bon randonneur. Si on contourne la montagne et qu’on pousse jusqu’au bout de la route, on peut atteindre l’endroit que j’ai préféré sur l’ile : Grand’Rivière. C’est littéralement au bout de la route. Un petit village qui offre une belle vue sur l’ile de la Dominique qui se trouve juste en face.
Il y a une très belle plage de sable noir au bout du village qui donne sur la côte Atlantique (il y a donc des vagues). Comme nous étions en fin de saison des pluies (en gros il pleut 10 minutes tous les matins), la saison n’avait pas encore démarré et nous avons profité de cette plage tout seuls. Un régal. Surtout qu’elle est au pied de la montagne Pelée, il y a donc une falaise pleine de végétation dense. Une jungle qui parait quasiment impénétrable et où les nuages restent coincés. Ça donne une ambiance “Jurassic Park” que j’ai adoré ! Si vous passez par ce village, il y a un petit restaurant qui ne paye pas de mine et qui pourtant est vraiment bon : Floup Floup. Il se trouve juste à côté de l’accès à la plage (il y a tellement peu de restaurants qu’il est difficile de ne pas le trouver).
Toujours dans le Nord, mais cette fois de l’autre côté de la Montagne Pelée, il y a Le Prêcheur. Un autre petit village qui lui aussi est au bout du bout. Si vous décidez de faire un tour par la magnifique Habitation Céron pour admirer le zamana cet arbre tricentenaire qui est absolument immense mais aussi le petit chouchou des matoutou-falaises, la mygale endémique à la Martinique. Pas de panique, elle ne vous sautera pas dessus et en voir une relève déjà de la chance ! Pour nous, la première fois que j’y suis allée en 1999 (le temps passe), il y en avait au niveau du restaurant et j’ai un souvenir parfait d’une matoutou bleu. Cette fois, je n’en ai vu qu’une seule dans l’accueil de l’habitation. J’ai bien cherché sur l’arbre mais, rien à faire, il est trop grand pour moi !
Si vous passez par là, profitez-en pour faire un saut à la plage de l’Anse Céron, une plage de sable noir magnifique qui est le coin des Martiniquais le weekend. Nous sommes encore sur la mer Caraïbe ce qui offre une mer calme. La plage est un repère à crabes jaune pâle (mal z’oreille), ils ne se gêneront pas pour vivre leur vie avec vous à côté (mais promis ils ne pincent pas les orteils).
Depuis le Prêcheur, pour descendre en direction de Saint-Pierre (et nous jusqu’à Case Pilote, là où se trouvait notre gîte), il n’y a qu’une route (pour ceux qui n’ont pas le sens de l’orientation, les îles sont parfaites, il y a, en général, une route principale qui fait le tour et quelques chemins pour traverser l’île dans sa largeur mais qui demande souvent une voiture puissante) et ça tombe bien parce qu’elle est absolument superbe ! Elle longe la mer jusqu’au Carbet offrant une vue magnifique sur la Montagne Pelée, les voiliers au loin, la côte encore bien verte dans ce coin de l’ile et les jolies plages du Carbet. Si vous continuez vers Case Pilote, vous passerez dans un paysage plus montagneux offrant ainsi de sacrées vues sur la montagne et la mer.
Le centre de l’île : la jungle
Si vous avez envie d’en prendre plein la vue, alors préparez-vous à réviser vos démarrages en côte : on part dans le centre de l’île. Comme nous étions à Case Pilote, soit environ au milieu de l’île sur la côte caraïbe (Est), nous étions proches des routes menant au centre de l’île. On en a donc profité pour toutes les faire.
La première que nous avons tentée restera à jamais gravée dans nos esprits, puisqu’on l’a finie à pied faute de pouvoir remonter la pente trop raide. Mais attendez, je vous explique ça ! Nous sommes donc partis depuis Case Pilote sur la D63 qui est une route en cul de sac. Nous avions lu dans les guides et blogs qu’elle est vraiment belle et traverse une jungle épaisse. Elle est annoncée très pentue à 17% (ils sont optimistes là-bas, hein, parce que ça parait être un peu plus). On grimpe donc pendant environ 30 minutes, en seconde, le pied au plancher et le moteur qui vibre à son maximum, puis la pluie s’invite (élément important de l’histoire). Quand on arrive au sommet, face à des arbres gigantesques avec des lianes immenses, l’optimiste que je suis est sortie faire des photos, sous la pluie tropicale, en tongues (je ne pensais pas qu’on allait marcher, quelle amateur je suis) et je me suis enfoncée dans 15 cm de boue. Okkk, je retourne à la voiture, çà vaaa ! On continue la route et là, on découvre les fameux 17% qui sont bien bien bien raides. On entame la descente, mais très vite, on se dit “noooooop”. Mon père décide donc de tenter un demi-tour, mais impossible. On doit donc continuer jusqu’en bas. Le stress monte un peu (je suis naze en démarrage en côte, alors çà m’angoisse). Une fois au bout, on fait demi-tour et on tente de remonter (concrètement nous n’avions pas vraiment d’autres choix). Et là, bah… ça n’avance pas… On coupe la clim pour redonner de la puissance au moteur, toujours rien. On se décide donc à descendre et laisser mon père remonter. Il part en marche arrière pour prendre un maximum d’élan et fera la remontée en première d’une traite. Nous, nous remontons la côte à pied. Il nous faudra tout de même 15 minutes sous la pluie tropicale. Un grand moment qui nous aura bien fait rire (on s’est réconforté avec un apéro à base de rhum).
Morale de l’histoire : soyez vraiment à l’aise en conduite si vous vous engagez sur ce type de route et, surtout, vérifiez bien les pentes annoncées pour ne pas avoir trop de mauvaises surprises. Par contre, ce sont les routes les plus jolies car les plus sauvages, alors, si vous le sentez, foncez, vous n’allez pas le regretter.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a d’autres routes très belles aussi et moins difficiles. La plus connue de l’île est la N3 qui part de Fort de France et qui traverse tous les mornes du centre de l’île jusqu’au Morne Rouge et offre une très belle vue sur la Montagne Pelée, Saint-Pierre et les mornes aux alentours. Un peu avant le Domaine d’émeraude, un jardin que nous avons fait mais qui n’a pas été notre préféré, il y a une intersection. Elle permet de prendre la jolie route D1 qui est plus petite et plus sinueuse. Elle mène directement à l’entrée de Saint-Pierre. C’est la partie que j’ai préférée.
D’autant plus qu’elle passe par le Canal de Beauregard. Ce canal a été construit par les esclaves pour amener de l’eau aux distilleries. Aujourd’hui, le canal peut être emprunté à pied. C’est une balade assez particulière puisque vous marchez sur une bande de 40 cm de large, le long du canal et à flanc de montagne. Attention, il a été officiellement fermé car il n’est pas assez entretenu. L’office du tourisme nous dit qu’on peut l’emprunter depuis le haut mais pas depuis Le Carbet. Il y a de grands panneaux qui interdisent l’accès. Les informations sont un peu contradictoires puisque d’un côté, on nous dit qu’on peut y aller mais on trouve aussi de grandes affiches qui disent le contraire. Concrètement, le canal n’est plus entretenu et il faut clairement en avoir conscience. La balade est vraiment géniale car vous êtes en pleine jungle. Je suis madame vertige. En réalité, je n’ai pas peur du vide mais mon corps, lui, ne l’aime pas. Du coup, je fonce toujours dans une aventure même s’il y a de la hauteur mais après coup, je le paye cher parce que j’ai la tête qui tourne, je perds l’équilibre. Ici, il y a beaucoup de végétations qui nous fait oublier qu’en réalité le vide est à quelques mètres, mais il y a des zones qui le rappellent. Dans le pire des cas, prenez des chaussures d’eau et faites le chemin directement dans le canal qui n’est que très peu profond (30 cm). Attention quand même, il y a des crabes, alors optez pour les chaussures.
Et le reste de l’ile ?
En deux semaines, nous avons eu le temps de faire tout ce que nous voulions mais il y a quand même énormément à faire. Nous avons axé le voyage sur la nature et c’est pour cela que nous avons passé le plus clair de notre temps dans le nord. Mais à l’est et dans le sud, il y a aussi quelques pépites ! Ma grosse déception est la presqu’ile de la caravelle. Nous avons bien emprunté le sentier très célèbre mais nous n’avons fait que traverser une mangrove sèche et étouffante sans profiter d’autres spectacles. Peut-être somme-nous passés à côté du bon chemin, mais nous sommes repartis un peu déçus. Par contre, à la sortie, il y a une petite plage très jolie et sans sargasse (une algue qui envahit la Martinique et qui est vraiment casse-pied pour se baigner en plus d’avoir une odeur atroce). La petite plage de l’Anse Bonneville est hyper sympa, elle est abritée des vagues grâce à une barrière de rochers un peu plus au large. Elle offre une belle vue sur la presqu’île de la Caravelle et en plus il y a des tables de pique-nique.
Un peu plus loin, il y a le tombolo de Sainte-Marie. C’est un îlet auquel on accède par un banc de sable constamment accessible. Vous marchez dans 20 cm d’eau, avec les vagues qui viennent claquer de chaque côté. C’est hyper sympa, il n’y a que 30 m à faire pour atteindre l’îlet et la vue est vraiment jolie ! Attention, surtout ne vous baignez pas à ce niveau, il y a des courants qui risquent de vous emmener !
De l’autre côté de l’île, juste en dessous de Fort-de-France, se trouve la plus grande mangrove de l’ile. Il est possible de la faire en kayak et sincèrement c’est cool ! A noter qu’il faut aimer le sport un minimum parce qu’une partie de la balade se fait au coeur de la mangrove donc, dans une eau calme, mais une autre partie se fait le long de la mangrove, directement dans la mer avec un point de chute pique-nique sur un ilet qui demande de traverser une zone à fort courant et vent. Clairement, j’ai peiné à avancer à certains moments et j’ai eu mal aux bras pendant 3 jours (c’est que j’ai les cuissots bien solides avec le vélo et le running, mais je ne muscle jamais mes bras).
Encore une fois, le charme de la saison basse a fait que nous étions littéralement tout seuls sur la journée complète. On pouvait donc profiter du calme de la mangrove, regarder les oiseaux survoler l’eau, admirer de près les crabes dans la mangrove et tenir une grande conversation avec les gardiennes de l’îlet : les poules. Pour accéder à la location des kayaks, il faut prendre le canal des cocottes jusqu’au bout.
Enfin, ma dernière très belle surprise de la Martinique se trouve au sud. C’est à la pointe la plus au sud, dans la presqu’île de Saint-Anne, que se trouve la surprenante Savane des Pétrifications. Pour l’atteindre, il faut suivre la route jusqu’à l’Anse des Salines et surtout ne pas vous arrêter là. C’est une piste assez difficile, pleine de trous, mais continuez la quand même jusqu’à arriver au bout du bout, soit 2km après le parking de la plage. C’est ici que commence la balade. Vous allez traverser une petite forêt qui est un des très rares campings de l’île à la haute saison pour arriver à un pont. Il faudra passer de rocher en rocher pour atteindre le pont et arriver dans une savane. Pensez à prendre de l’eau, il fait très très chaud et la balade dure un minimum de 2h si vous allez jusqu’au bout. Le paysage est vraiment surprenant, il y a des airs de Bretagne (les degrés en plus pour un mois de décembre).
On se sent réellement en pleine savane avec des plaines sèches immenses, des cactus, des rochers rouges. Si vous allez jusqu’au bout (c’est hyper bien balisé), vous allez atteindre l’Anse Trabaud classée parmi les 10 plus belles plages du monde. Alors, oui, c’est une très très belle plage, mais elle est envahie de sargasses. C’est la seule fois du séjour où j’ai tenté la baignade en zone “envahie” et je ne suis restée que 10 minutes dans l’eau. C’est hyper désagréable et, comme j’avais la chance d’avoir la plage du Carbet juste à côté du gîte sans une miette d’algues, je ne me suis pas imposée plus longtemps la baignade.
Bien sûr j’ai vu énormément d’autres choses, mais il y a tellement à raconter que je vais clôturer ce premier épisode avec mes découvertes sauvages et moins touristiques de Martinique. Je vous donne rendez-vous très vite pour la suite et dans quelques jours pour la vidéo sur la Martinique. N’hésitez pas à vous abonner à la chaine Youtube pour ne pas louper les prochaines vidéos qui devraient se faire avec Leon !
La Martinique, ça vous tente ? Qu’aimeriez-vous savoir sur l’île avant de partir ?
Les paysages sont très divers, oui, j’aimerais bien y aller!
Hello ! Ma mère étant originaire de la Martinique, je connais plutôt bien l’Île et pourtant ton article m’a fait découvrir des endroits que j’ignorais jusqu’alors. Merci pour ces découvertes !
Et j’en profite pour te dire que tes photos sont magnifiques !
Cindy
Bonjour, ton article est super! Et les photos donnent tellement envi.
Je voulais savoir si c’est cher de louer une voiture ?
Il me semble qu’on en a eu pour 400 euros pour 2 semaines à 3.
Très beau récit, de bien belles photos, et celle que je préfère………. le cactus. J’en fais “collection” lol une petite dizaine à la maison avec de belles aiguilles…. merci de nous faire découvrir toutes ces beaux paysage.
Je me rendrai en Martinique dans 1 mois et je ne manquerai pas de visiter les endroits que tu as partagés. Merci beaucoup pour cet article.
Passe une bonne journée
Le Tombolo n est pas tjrs accessible! C est justement cela qui le rend en partie célèbre.
Les Sargasses vont bientôt envahir la planète si personne ne stoppe les formats de production… nous faisons partie de ces personnes en achetant lesdites productions.
Et toutes les plages sur Terre se voient réduites à cause de la fonte des glaciers et donc de notre pollution.
La période d’hivernage s étend de juin à nov voire décembre mais pas tjrs… Normalement, il ne pleut pas vraiment en décembre mais le vent se lève. La saison cyclonique, qt à elle va de juillet à novembre. T’ as eu de la chance d’ avoir eu 15 belles journées sans trop de plus
Sinon ravie que mon île t’ ait plue! Tu en as faite une belle description et réaliste!
⛰
J’ai fait 7 séjours en Martinique, 10 jours pour les plus courts, 3 semaines pour les plus longs. Je pensais tout connaître de cette île mais je découvre encore d’autres paysages grâce à toi. Dommage pour ce séjour de ne pas parler de la population. Pas une couleur locale. Les marchés, l’artisanat,
les petites guinguettes etc…. des paysages oui mais si vides. La Martinique que tu nous présentes je ne la connais pas . Parler des bruits de la nuit, quand le soleil chute brusquement et que la nuit prend le relais, parler des oiseaux, des fleurs, en fait de cette l’ambiance unique, qui a fait que lorsque je suis arrivée à l’aéroport j’étais chez mon nouveau chez moi. Un coup de foudre. Cette île me manque beaucoup. Et ce qui me surprend le plus c’est que, durant un séjour en décembre, il n’y a pas un mot sur le “chanté Noël ” incontournable à cette période.