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Violence conjugal: et vous, vous feriez quoi ?

Aujourd’hui, ça ne sera pas un article très joyeux mais je me pose pas mal de questions.

En cas d’agression ou de violence dans la rue, dans votre immeuble ou rame de métro, vous faites quoi ?

Parce que finalement, il y a le discours officiel et la réalité. On a, je pense, tous de bonnes intentions et ça nous parait inconcevable de laisser une personne en détresse seule. Oui, mais, qui n’a jamais compris qu’il se passait quelque chose, même juste une agression verbale et est passé sans un mot ni un regard ? Je ne vais pas faire ma super héroïne, ça m’est arrivée de feindre de ne pas comprendre et de passer par peur pour ma peau. Et d’autres fois de rester pétrifiée devant la scène sans réussir à agir.

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Vendredi dernier, encore une scène qui me glace le sang. Ma voisine se fait battre et elle hurle. Les meubles qui se bousculent et les cris ne sont qu’à quelques mètres . Avec Audrey, venue prendre le thé chez moi, on se fige. On comprend mais on a peur. Pendant de longues minutes j’étais prise entre l’envie d’aller sonner pour aider cette femme et la peur que ça se retourne contre moi. Il aura fallu trop de temps pour que je sorte enfin de mon appartement et trouve une femme que je ne connais presque pas sur le palier à pleurer de peur et de douleur. Honnêtement à ce moment j’ai peur. Parce que le voisin est toujours là, derrière la porte, que je m’apprête à rentrer dans la vie de cette femme et je crois que j’ai peur de ce qu’elle va me raconter. Il faut un peu de temps mais je finis par la convaincre de sortir. Entourée par Audrey et moi, elle finit par parler dans la rue. Elle nous explique que ce n’est pas la première fois mais qu’elle est sans papier et qu’elle n’a que là où aller. Honnêtement, c’est dur à entendre. On réussit à la convaincre d’aller à l’hôpital qui n’est pas très loin. Mais quelques mètres plus tard, prise de vertige elle s’effondre et s’accroche à nos jambes. On est là, dans la rue, avec une inconnue qui souffre autant physiquement que psychologiquement. Elle a du mal à avaler l’eau qu’on lui propose car elle s’est fait étrangler et elle a besoin d’aide. On appelle les pompiers et on la laisse entre leurs main

Campagne 2010 d'Amnesty International

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Pour moi l’histoire se termine là, je ne sais pas si elle va mieux, ce qui lui arrive et ce qui arrive à ce voisin violent. Je n’ose plus rentrer chez moi. J’ai pris mes chats et on s’est installés chez le geek. Je sais bien qu’il faudra retourner chez moi mais je vous avoue que j’ai peur. Le cocon de mon appartement ne l’est plus à mes yeux. Je vais avoir peur de le croiser, qu’il vienne me voir ou d’entendre de nouveau cette scène car je sais bien que je risque de la recroiser dans quelques jours et la voir retourner dans son enfer. Je sais que si ça arrive de nouveau je réagirai de nouveau car cette femme inconnue que j’avais croisée de temps en temps a aujourd’hui une histoire, un prénom et une âme à mes yeux.

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Aujourd’hui, je me dis que la peur m’a fait ignorer la détresse de personnes qui souffraient devant mes yeux alors même que je l’ai vécue moi même dans une rame de métro, seule face à ces inconnus qui ignorait m’a détresse. Je crois qu’en plus de m’avoir choquée cette histoire m’a fait réaliser que la peur nous empêche parfois de faire des choses essentielles comme venir en aide à quelqu’un qui en a vraiment besoin.

* Photos : campagne Amnesty Internationale

Et vous, sincèrement, vous faites quoi quand une agression se passe devant vos yeux ?