Paris, sale chienne
Paris, 8 mars 2015,
Il est, comme tous les jours, là, un homme, un inconnu, l’oeil lubrique, le geste brusque, l’intelligence absente. Il me regarde, me reluque, me transperce. Il passe, parfois sans rien dire, et parfois comme hier, me dit un mot doux, un “sale chienne”. Avant hier, il m’a appelée de loin mais je ne l’ai pas entendu, son doux “pute” ne m’a pas interpellé.
Chaque jour, ou presque, depuis que je suis ici, à Paris, mais ailleurs aussi, il est là, lui et tous ses amis, ses compatriotes, ses potes, ses modèles, ses alter ego, ses collègues, ses frères, toujours présent, toujours le même respect pour ce que je suis, ma personne, ma personnalité, mes seins, mon cul, mes jupes, mes cuisses, ma culotte et mon vagin. Chaque jour, il me regarde, d’un œil vide et lubrique, m’observe, me détaille, il a toujours un mot doux, un compliment à faire sur ma tenue, parfois il me dit de me rhabiller, parfois me dit de l’enlever. Il a souvent envie que je vienne le voir, de me “faire des choses”. D’autres fois, son regard en dit long sur ses intentions, je sens le respect, l’amour et le désir pour ma personne. Chaque jour, ma culotte frissonne et sort sa porte blindée, mes seins s’enfoncent au plus profond de moi, mes cuisses se serrent. Et chaque jour mon poing me démange, ma langue tourne sur elle même et mon esprit s’évade. Parce que mon corps sait que s’il réagit, il risque gros, en plus d’être humilier et d’être violé chaque jour par un simple regard ou un mot doux. Il sait que s’il réagit il sera meurtri. Ma tête n’est pas d’accord, chaque jour elle a des idées des propositions à faire à cet homme, enfin, cette bête en rut qui ne maitrise ,apparemment, pas son érection. Sans doute une sensation nouvelle pour cet être qui visiblement n’a jamais connu la civilisation, n’a pas reçu d’éducation et qui malheureusement, un jour, sans rien demander à personne, se retrouve jeté dans cette ville incroyable, où des choses qu’on appelle des femmes se baladent dans la rue. Cet être seul est livré à lui même, incapable de contrôler ses pulsions alors il regarde, dévisage, humilie et viole avec ses yeux, parfois avec sa main et souvent avec ses mots. Il a cru que c’était son rôle. Pauvre petit être, toi qui ne sait rien, qui n’a pas eu la chance de naitre dans un monde ou l’éducation est donné à tous, toi qui ne sait pas encore comment fonctionne ton corps je vais t’expliquer. C’est simple, quand tu marches dans la rue, va où tu en as envie, range ton érection au plus profond de toi, utilise ta tête pour organiser ta vie et pose tes mains dans tes poches. Car aujourd’hui je t’ai expliqué et crois moi la prochaine fois que tu me regardes, que tu m’humilies, que tu m’insultes ou que tu te crois autorisé à me toucher, crois moi je t’offrirai cette immense chance qui est de ne plus jamais rien ressentir comme envie ni désir.
Margaux.
C’est si joliment dit, ton texte est très bien écrit.
Ces gars qui ne sortent d’on ne sait où et qui t’importune sans que tu ne demandes rien à la vie. Paris est une grande ville, on y trouve de tout, des gens gentils comme des gens abrutis ou sans éducation comme tu le dis.
Ce genre de gars ne me fait rien du tout, ça m’exaspère même de voir que ça ne plane pas haut dans leur tête et je les plaints vraiment.
La prochaine fois met un bon coup là où je pense comme tu l’as dit, ça va le stopper tout de suite !
Bonne semaine, bisous ♥
Ca arrive partout, mais c’est vrai qu’à Paris c’est pire que dans toutes les autres villes où j’ai vécu ou que j’ai visité… Et plus ça va, et pire c’est j’ai l’impression. Ou alors c’est l’overdose qui fait que je le vis de plus en plus violemment.
Ton texte retranscrit vraiment bien les émotions par lesquels ont peut passer en de telles circonstances :/ Ça doit être excessivement dur de croiser ce genre de personnes régulièrement, bon courage et prend soin de toi!
Bonne soirée :3
Ça me file des frissons toutes tes petites descriptions si justes… ces émotions qu’on ne voudrait ne plus ressentir… mais qui reviennent… hier dans le métro un homme me susurre à l’oreille des choses, dans une langue que je ne connais pas, me regarde avec un air salasse.. j’ai encore envie de vomir à y repenser…
ton texte est juste, pile dans le ressenti et l’indescence de ces situations. Tous les jours, mots, regards et parfois membres s’attardent et j’ai grandement envie de leur casser les dents ! Hier, chuchotant, le mot salope m’a désigné, je n’ai pas eu ta retenue, je lui ai demandé si le fait de voir des jambes était impudique ? Je lui ai dit de se regarder lui meme et sa laideur interne suintante avant d’oser juger une autre personne. Il a baissé la tête et a filé comme un voleur qu’il est, un voleur d’estime de soi, un violeur de confiance en soi…
C’est difficile à vivre et je vois tellement de femmes qui en souffrent que je leur apprendrais bien les bonnes manières et le respect a ces incultes !
Merci pour ton texte.
Hello,
je suis tombé sur ton texte par hasard, il est bien écrit et nous transmet parfaitement bien tes émotions.
Toutefois, moi qui suis né à Paris, que la drague lourde à toujours existé et à encore de beaux jours devant elle.
Je ne connais pas le profil des personnes que t’importunent, mais sache que ce n’est pas une question d’éducation, seulement un rôle qu’il prétend avoir, “je contrôle la rue et tout ce qui y passe m’appartient”. Au delà de ça, si tu suscites de telles réactions, tu devrais certainement être accompagnée au bras de ton ami/fiançé, normalement les aboiements devraient cesser…
Je ne suis pas d’accord avec le fait de devoir être accompagné. Je suis un être humain libre et indépendant et je ne vois pas pourquoi je devrais me faire accompagner pour avoir la paix. Et entre nous, j’ai été étonné plus d’une fois de voir que même enlacé dans les bras de mon copain ou juste main dans la main le harcèlement ne cesse pas. Je pense aussi qu’il y a une part de rôle mais surtout d’éducation. Il y a ceux qui ne recoivent pas le bon modèle d’éducation mais aussi ceux qui à l’âge adulte décident de s’émanciper de leur éducations. Dans les deux cas c’est un problème d’avoir aujourd’hui une quantité d’homme persuadé que la femme est un objet dont on fait un usage libre.
Re,
Loin de moi l’idée que tu sois accompagnée tout le temps, nous sommes libres d’aller et venir où bon nous semble sans devoir subir de contraintes.
Je ne justifie absolument les dires et les agissements de la personne qui te harcèle, j’essayais juste te “donner” un autre prisme, celui du pauvre type inexistant dans la société qui manifeste sa “virilité” dans la rue….